26 mai 2007

Présentation

Ceci constitue notre dossier de documents sur l'imagerie politique pour la conférence de méthode "Comportements, attitudes et forces politiques en France et en Europe" de Monsieur Xavier Jardin au semestre du printemps 2007 à Sciences Po Paris.

David Beaulieu et Jonathan Chin

Introduction

Dans le passé, les médias étaient des outils pour les politiciens européens et leurs élections. Il apparait clair que les hommes politiques sont dorénavant forts dépendants sur la puissance médiatique. Ils ont besoin des médias pour faire connaitre leurs position, pour gagner des votes et pour être élus. On peut même les comparer à des produits qui sont annoncés sur les publicités.

Ce dossier sert a examiné si ces politiciens reussisent a vendre leur produit (affichage, publicites, etc.) via les médias ou si cela n’est seulement qu’un rituel obligé qui n'est pas décisif pour une victoire électorale. Il inclut divers documents et analyses sur l'élection présidentielle de 2007 en France mais également des affiches concernant le référendum sur le Traité constitutionnel européen et d'autres campagnes européennes. Chaque document est titré de A à Z avec des analyses en dessous.

Analyse

Tandis que dans le passé les médias étaient vus comme un outil de propagande qu'utilisaient les dirigeants politiques pour assurer leur dominance sur le peuple, cet outil a maintenant évolué en un système avec lequel les hommes politiques sont obligés de composer et dans lequel ils sont tenus de soigner leur apparence.

On observe cette évolution avec les affiches où les politiciens ont besoin de se comporter sur les pubs comme des stars de cinéma. Selon le document A, les hommes et femmes politiques sont le miroir des stratégies d’attraction utilisées au cinéma. Par exemple, les visages des acteurs principaux occupent presque toujours la majorité de l'espace dans l'image, comme pour les acteurs vedettes de films.

De plus, on observant le Document F, l’affichage de Ségolène Royale, il est évident de remarquer les points communs entre cette photo est celle d’une actrice. En réalité, la photo a été prise par le photographe officiel de l'actrice Sharon Stone !

En outre, les hommes politiques sont forcés de changer leur style pour concilier aux médias. Par conséquent, cela devient de plus en plus un spectacle où les hommes politiques sont présentés avec l'intention d'être caractérisé comme « honnêtes » ou « convaincants » au public.

Certes, les politiciens ont dû évoluer et changer leurs apparences à cause des médias. Néanmoins, les publicités et affiches ne sont pas le facteur décisif dans les élections. Tous les politiciens utilisent les médias pour la publicité. Les affiches sont ainsi un jeu auquel tout le monde doit jouer pour être considéré, mais sans décider véritablement du résultat. Comme noter dans le document D: "L'affichage, ça fait partie des rituels de campagne". Danielle Rouquié de l'agence Reuters explique que l’affiche n’est qu’un rituel symbolique obligatoire.

Document A - Analyse d'un graphiste

La dernière campagne présidentielle française a donné lieu à plusieurs analyses des affiches électorales des différents candidats.

Le webzine fluctuat.net a sollicité une analyse du graphiste et webdesigner Etienne Mineur.

Vous pouvez retrouver l'article en cliquant ici ou sur l'image.

Faits saillants du document :

"On ne vote pas pour un parti ou un groupe de personnes qui va élire par la suite un président, mais au contraire nous votons pour une seule et même personne, qui va constituer son propre gouvernement. Cette spécificité française est donc déterminante dans la composition de ces affiches."

"Je rapprocherai cette problématique, de celle des affiches de cinéma (grand public, car quand on parle d’élection présidentielle on parle vraiment de grand public), dans lesquelles les visages des acteurs principaux occupent presque toujours la majorité de l’espace dans l’image. En effet, le cinéma est actuellement basé sur la notoriété et le charisme des acteurs. Pour une élection présidentielle, c’est un peu la même chose, on vote pour quelqu’un, son programme et son projet ne viennent qu’après (dans le meilleur des cas !). "

"Cela montre surtout la méconnaissance flagrante des métiers liés à l’image par les dirigeants de notre pays, qui préfèrent laisser des agences de communications s’occuper de tout (en échange d’un gros chèque), que de s'intéresser réellement aux compétences artistiques et culturelles de leurs pays. La photographie, la typographie, la mise en page, l’affiche... sont de vrais métiers avec un vrai savoir-faire et une culture, mais nos élites (comme la majorité des Français) n’en n’ont aucune conscience."

Analyse :

Les observations du graphiste sur une "spécificité française" des affiches électorales sont pertinentes tout comme la comparaison avec les films américains grand public où la notoriété de l'acteur est l'appui essentiel voire unique d'une affiche.

Le graphiste semble aller à contre-courant en mentionnant que les affiches ne sont pas aussi soignées qu'elles pourraient l'être. Il est un des rares à souligner le manque de coordination entre les photographes et graphistes tout en soulignant le travail impossible des maquettistes.

Document B - Article du Figaro

L'article "Les candidats se cherchent en haut de l'affiche" du journaliste Bruno Jeudy a été publié le 29 mars 2007 dans le quotidien Le Figaro.

Vous pouvez retrouver l'article en cliquant ici ou sur l'image.


Faits saillants :

"À l'heure de la multiplication des chaînes de télévision et d'Internet, l'image des candidats passe-t-elle encore par les affiches et les slogans ? Les spécialistes de la communication politique s'accordent à dire que leur impact est désormais très faible, voire nul. Cela n'empêche pas les candidats de consacrer encore beaucoup de soin à leur campagne d'affichage et à imaginer des slogans, la plupart du temps consensuels, parfois creux, rarement innovants."

"Inutile les slogans ? « Cela donne quelques repères sur le ton de la campagne », estime Thierry Vedel, chercheur au Centre d'études de la vie politique et auteur d'un livre consacré à l'image des candidats (Comment devient-on président de la République)."

"La campagne 2007 sonne pourtant le glas de l'affichage politique. Ce moyen de communication est en recul. « C'est fini pour une raison simple. Le législateur a réduit depuis 1990 les possibilités d'affichage à sa plus simple expression », regrette Thierry Saussez, un des papes de la communication politique, coauteur avec Jacques Séguéla d'une histoire des campagnes présidentielles."

"« À quoi ça sert de coller 300 000 affiches quand vous pouvez réunir à la télévision, en une seule soirée, plusieurs millions de téléspectateurs ? » dit Claude Bartolone, ancien ministre du Parti socialiste."

Analyse :

L'article démontre bien le recul de l'impact des affiches dans les campagnes électorales. Il est intéressant de présenter l'aspect "compétitif" des autres médias comme la télévision et Internet qui semblent rassembler plus facilement et en plus grand nombre les téléspectateurs et internautes. La lecture de ce texte nous laisse dans l'impression que l'affichage politique aura une fin un jour...

Document C - Analyse par Le Monde

Christophe Fillâtre de l'agence Carré noir s'est prêté au jeu de l'analyse pour le quotidien Le Monde. La formule est plus interactive et mieux présentée cette fois.

Vous pouvez retrouvez l'analyse complète des affiches des 12 candidats en cliquant ici ou sur l'image.


Analyse :

Des commentaires brefs et pertinents sur chacune des douzes affiches. Cette animation est conçue pour un internaute plus ou moins pressé qui ne veut pas trop pousser sa lecture sur le sujet. La possibilité de choisir les affiches qui nous intéressent permet de gagner du temps et montre la spécificité de l'outil informatique comparativement à un article de journal.

Document D - Article sur Capital.fr

Danielle Rouquié de l'agence Reuters a écrit l'article "L'affiche électorale officielle, rituel symbolique obligé".

Vous pouvez retrouver l'article en cliquant ici ou sur l'image.



Faits saillants :

"Les partis politiques qui soutiennent le postulant ne sont pas toujours à l'affiche - la présidentielle est une élection personnalisée. La photo en revanche est clé. Le sourire n'est pas obligatoire."

""L'affichage, ça fait partie des rituels de campagne", explique Thierry Vedel, chercheur à Sciences Po. "Tenir les murs de son quartier ou de sa ville, ça montre qu'on est une force importante. C'est une façon de marquer son territoire. C'est une influence symbolique. On montre qu'on existe, qu'on a des militants", ajoute-t-il."

"Les affiches sont vues. Elles suscitent les graffitis, le caviardage. Les postulants à la fonction suprême s'y retrouvent affublés, qui d'une dent noircie, qui d'une moustache à la Hitler, qui d'un complément de slogan : Medef par exemple pour ceux qui sont soupçonnés de "rouler" pour le patronat."

Analyse :

Le titre de l'article résume bien la pensée de fond de l'article : l'affichage politique est un passage obligé. C'est une espèce de rituel, une symbolique qui montre que les partis ont des militants et qu'ils sont capables de s'afficher.

Une fois de plus, l'aspect personnalisé de l'affiche est souligné dans l'article. Pour une rare fois, l'article mentionne que les affiches sont vandalisées et griffonnées. C'est bien le cas. Nous voyons sur ces affiches un terrain déjà maîtrisé par les tenants de la participation politique protestataire.

Document E - Affiche officielle de Nicolas Sarkozy

L'affiche officielle de Nicolas Sarkozy :

Analyse :

Du premier coup d'oeil, on constate que l'affiche est un résultat simple, qui ne révolutionne pas l'idée de l'affichage politique. Le slogan est bien en place au haut de l'affiche. Nicolas Sarkozy est centré et regarde l'électeur droit dans les yeux comme la plupart des autres candidats.

Le slogan est simple, rassembleur. "Le tout est possible" a déjà été utilisé par le parti socialiste. On y ajoute le mot "ensemble". Slogan classique. Affiche classique.

Le fond est très naturel et harmonieux pour l'oeil. Le ciel bleu et le vert d'une colline rappelle le papier peint "colline verdoyante" proposé par défaut comme arrière-plan de Windows. Comme quoi cette trame de fond apaisante a déjà fait ses preuves auparavant.


Au bas de l'affiche, on retrouve le nom du candidat Sarkozy en lettres majuscules. On trouve en-dessous l'adresse du site web du candidat en plus petits caractères. L'utilisation des lettres majuscules distancées l'une de l'autre et l'ajout de l'adresse du site web en plus petit format font penser au style utilisé pour présenter les grandes marques : un nom et un lieu.

Quelques exemples de compagnies et fabricants de produits de luxe qui maîtrisent aussi ce style de présentation...

Plus près de la rue des Saints-Pères et de Sciences Po...

Document F - Affiche officielle de Ségolène Royal

L'affiche officielle de Ségolène Royal :

Analyse :

L'affiche de Ségolène Royal a été à la fois saluée et fortement critiquée. Tantôt on félicite un choix audacieux, tantôt on décrie de graves erreurs de typographie.

Le choix d'avoir pris une photo en noir et blanc et très rapproché a été acclamé par certains qui y voyaient du courage et de l'originalité. On voit dans un cadrage très serré une sorte d'intimité avec la candidate. D'autres y voyaient un mauvais choix en une image qui rappelerait un "vieux souvenir" qui ne serait rien de moins qu'une vieille photo.

Pour ce qui est du slogan "La France présidente", c'est la même chose. Certains saluent l'audace tandis que d'autres y voient de l'égoïsme.

Le choix des lettres en italique serait une des nombreuses erreurs de typographie. Le texte en en-tête est justifié à gauche, le reste est centré. Le texte arrive sur le menton de Ségolène Royal et son front est caché par une bande. Le "P" majuscule du mot "présidente" ne serait pas nécessaire selon plusieurs spécialistes.

Quant à la photo, elle a été prise par le photographe officiel de l'actrice Sharon Stone, on y voit une Ségolène Royal sereine avec un demi-sourire comme la Joconde.

Il ne faut pas oublier les lettres tout en haut. "Le changement" est quelque chose de très frappant. Même Nicolas Sarkozy a joué sur l’image de changement et de réforme en France. Cela est très intéressant du fait que lorsque les publicités sont plutôt similaires, les candidats évoquent « le changement » et «la nouveauté » dans leurs campagnes. Ce thème a réapparu plusieurs fois dans les deux tours des élections présidentielles de 2007 en France.

Il a été très facile de reproduire l'affiche officielle de Ségolène Royal en utilisant simplement le logiciel de traitement de texte Word et la police de caractère Verdana. Voici le résultat auquel nous sommes parvenus après 15 minutes. Comme quoi l'affiche ne serait pas si complexe et si stylisée qu'on pourrait le croire. La photo, quant à elle, était hors de nos compétences de reproduction.

Document G - Affiche officielle de François Bayrou

L'affiche officielle de François Bayrou :

Analyse :

La seule affiche du lot qui n'a pas d'en tête. L'image respire. Une des rares affiches où l'on voit les mains du candidat. L'alliance au doigt y est bien visible. Le poing droit est fermé et retenu par la main gauche, une image de stabilité.

Comme le candidat Sarkozy, l'arrière plan représente un ciel bleu avec un champ verdoyant. Ce symbole étant traditionnellement utilisé par la droite, il est surprenant qu'un candidat se disant ouvertement centriste l'ait utilisé sans trop vouloir s'en démarquer.

D'autres affiches utilisant ce type de trame de fond. Tiré du blog ulfablabla.

Document H - Affiche officielle de Jean-Marie Le Pen

L'affiche officielle de Jean-Marie Le Pen :

Analyse :

L'affiche est simple et elle va droit au but. Jean-Marie Le Pen nous tendant la main avec une foule en liesse en arrière plan. Le slogan est simple, pour ne pas dire simpliste. Le slogan de 2002 était "Le Pen président !" La simplicité est devenue une tradition.

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Le Front national avait lancé en début de campagne une autre série d'affiches électorales. Il est possible d'écouter la vidéo de la conférence de presse du lancement de la seconde vague d'affiches électorales pour la dernière campagne présidentielle sur le site Le Pen 2007 en cliquant ici ou sur l'image.

Analyse :

Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne présidentielle du Front national mentionne que ces affiches présentent les grandes valeurs des Français, et que sur l'une d'elle on y voit Jean-Marie Le Pen, un homme avec le peuple qui a une volonté de rassemblement et de réconciliation.

L'ensemble des affiches présente un vif exemple de la tripartition du clivage gauche-droite traditionnel. On y lit le slogan "gauche/droite, ils ont tout cassé". Le Front national s'offre à l'électeur comme une troisième voie entre la gauche et la droite. En conférence de presse, Marine Le Pen explique vivement ce rejet de la bipolarisation en disant que la campagne présidentielle 2007 n'est pas seulement un duel "Sarko vs Ségo" et que les Français s'attendent à tous les scénarios, incluant un second tour sans l'un de ces deux candidats.

Des 7 affiches de cette (pré-)campagne, une seule se démarque par la présence de Jean-Marie Le Pen. Les autres présentent un travailleur, un enfant, deux femmes blanches (une jeune et une plus âgée), un jeune homme d'affaires et surtout, une jeune femme "non-blanche", une maghrébine probalement. C'est un énorme changement pour un parti politique d'extrême-droite qui a fait du blocage de l'immigration son cheval de bataille pendant tant d'années. On y voit donc une nouvelle image, une ouverture aux communautés issues de l'immigration, aux immigrants et à la diversité dans ces affiches. Mais est-ce là un trompe-l'oeil stratégique ?

Document I - Affiche officielle de Olivier Besancenot

L'affiche officielle de Olivier Besancenot :


Analyse :

Le mot d'ordre : la photo en gros, le nom en gros, le slogan en gros !

Les styles typographiques sont mélangés et confondus. Un style "packaging" très coloré où beaucoup d'informations sont présentes dans une affiche très chargée. Le candidat est décontracté avec une veste en denim. Le slogan est très long mais il en dit long également : le candidat est de gauche et son message est frappant. Les guillemets anglais ne sont pas appropriés et trop gros.

Il faut noter l'insistance sur les mots "nos" et "leurs". C'est une phrase avec un message très fort, utilisée par la gauche. Au lieu de parler d’une France unifiée, comme Nicolas Sarkozy avec « Ensemble tout devient possible », l’affiche présente cette dichotomie entre les élites riches et les autres. Cette stratégie veut unifier les citoyens mécontents en évoquant ce slogan de « Nos vies valent plus que leurs profits. » L’affiche sert a cibler un certain type de citoyen. Certes, Ségolène Royal a utilisé cette phrase dans sa campagne mais pas en grandes lettres sur ses affiches.

Une affiche qui se démarque par son style sympathique et un peu plus "amateur", comme si on disait "on a essayé nous aussi". Le "100% à gauche" aurait pu être remplacé par "100% fait maison".

Voici une parodie tirée de ouinon.net où l'affiche est très facilement transformée en première page de magazine télé.

Document J - Anti-affiches de A. Laguiller et G. Schivardi

L'affiche officielle de Arlette Laguiller :

L'affiche officielle de Gérard Schivardi :

Analyse :

On pourrait résumer simplement ces deux affiches en écrivant ceci : des tracts ! Ces deux affiches sont l'exemple-type du "no design", le contenu passe avant le contenant. On peut lire le programme des candidats et la photo est discrète quant à sa grosseur dans l'affiche. Le jaune est une couleur avec un certain impact, utilisés pour la signalisation routière. Les noms des candidats restent bien visibles.

On ajoutera que Arlette Laguiller ne regarde pas le lecteur de l'affiche et que l'affiche de Gérard Schivardi ressemble à la une d'un quotidien des années 1950.

Document K - Affiches des autres candidats

L'affiche officielle de Philippe de Villiers :


L'affiche officielle de Dominique Voynet :

L'affiche officielle de Frédéric Nihous :


L'affiche officielle de Marie-George Buffet :


L'affiche officielle de José Bové :


Analyse :

Les 5 affiches sont des affiches plutôt classiques. Le candidat est toujours bien visible, le slogan également.

Pour Philippe de Villiers, l'esthétique et la symétrie sont là, le slogan, quant à lui, ne donne pas d'informations pour l'électeur.

Dominique Voynet est sur fond vert avec la planète terre en arrière-plan. On sait du premier coup d'oeil que l'environnement et l'écologie sont centraux pour cette candidate.

Le cliché de Frédéric Nihous a été pris devant un boisé. Cohérence pour le candidat du parti "Chasse, pêche, nature et tradition".

Marie-George Buffet semble dire haut et fort "je suis rouge".

José Bové ne regarde pas l'électeur. Sa photo a été prise sur le vif, lorsqu'il était dans la foule, c'est l'image d'un candidat près de ses électeurs.

Les affiches sont classiques, et ne risque rien d'autre que de se perdre parmi les autres affiches classiques.

Document L - Spot officiel de N. Sarkozy

Le spot officiel de Nicolas Sarkozy :

Analyse :

Nicolas Sarkozy s'adresse directement à l'électeur avec une proximité et une aisance remarquables. Il donne l'impression qu'il parle d'égal à égal. En disant "d'autres ont réussi", il montre qu'il peut parler d'autres choses que de lui-même. À deux reprises il propose aux téléspectateurs ses valeurs et ses idées. Il parle de travail, de mérite, d'autorité, de récompense. Il met l'accent sur les valeurs.

Le "fond d'écran" est le même que celui utilisé sur ses affiches électorales. Il y a là un suivi, une continuité et une cohérence. La musique en crescendo et les images du candidat sur le terrain à la fin du vidéo viennent naturellement soulever le téléspectateur.

Un spot réussi car, on en aurait pris un peu plus.

Document M - Spot officiel de S. Royal

Spot officiel de Ségolène Royal :



Analyse :

Un spot beaucoup plus laborieux pour Ségolène Royal. Le manque de fluidité du spot n'a pas permis d'établir on contact fort avec l'auditeur. Les changements d'angles fréquents représentaient des coupures de plus à un discours qui n'aboutissait tout simplement pas.

En prenant le soin de mentionner deux fois "vous me connaissez", Ségolène Royal aurait bien pu éviter de faire la lecture de son curriculum vitae et de tous les postes qu'elle a occupés dans sa carrière. Son spot est rapidement devenu une lente énumération d'accomplissements personnels. Pour ajouter à cela, elle parle de "temps précieux", du "pas le temps d'attendre" et de "lenteurs".

Elle a néanmoins été capable de placer en fin de spot la devise française "liberté, égalité, fraternité", son slogan "la France présidente" et le "Vive la République, vive la France!" Le tout sur un fond de ciel bleu avec quelques nuages, comme le candidat Sarkozy.

Trop peu, trop tard ?

Document N - Spot officiel de J.-M. Le Pen

Le spot officiel de Jean-Marie Le Pen :



Analyse :

D'entrée de jeu, Jean-Marie Le Pen s'en prend à ses concurrents et il ne démordera pas pour l'entièreté de son spot officiel. Il mentionne que les thèmes pour lesquels on l'avait diffamé et diabolisé (immigration, patriotisme et identité nationale) lui ont été volés par les autres candidats à l'élection présidentielle.

Dans un style très direct, il nomme François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy et les étiquette comme étant des politiciens qui ne pourront pas faire ce qu'ils avaient eu l'occasion de faire bien avant dans les fonctions qu'ils ont occupées.

En projetant lui-même une image protestataire, Jean-Marie Le Pen s'assure d'être le fidèle porte-parole du vote contestataire. Le spot est le reflet humoristique et classique de sa personnalité. C'est du "Le Pen", rien de plus, rien de moins.

Document O - Se prêter au jeu des médias

La participation aux émissions de variétés représente un autre passage obligé pour les candidats et leur image. Obligé parce que les autres candidats y participent aussi, et obligé parce que les électeurs en demandent et redemandent.

Voir les candidats répondre à des questions auxquelles ils ne sont forcément pas préparés, comme lors des débats ou des entrevues formelles, permet de découvrir une autre facette de la personnalité des candidats, une texture qu'on ne retrouve pas sur une affiche ou dans un programme électoral.

Voici deux "best-of" de "La boîte à questions" diffusée à l'émission Le Grand Journal Canal + avec Michel Denisot.





Analyse :

On observe ici que les "petits" candidats ou plutôt ceux qui ont visiblement moins de chance de remporter la course à l'Élysée sont capables, sur tous les sujets, de faire passer le message de leur orientation politique. Que ce soit pour la "garden party" ou la "déco" de l'Élysée, les candidats ne manquent pas l'occasion d'étaler leurs idées et leurs valeurs.

S'ils ne font pas passer leur message, ils optent pour des réponses courtes et "punchées" et jouent ainsi la carte sympathique et humaine.

Document P - Euro

L'adhésion à la monnaie unique européenne provoque également son lot d'affichage politique. Voici deux exemples d'images voulant convaincre les électeurs du bien fondé de l'acceptation de l'euro ou l'inverse, son refus.

Oui à l'euro en Estonie :

Analyse :

"Tere euro" signifie "bienvenue à l'euro" en Estonien. Le mot "tere" est écrit avec des caractères stylisés et le design gagnant de la pièce de monnaie apparaît sur le logo montrant que le projet est bien réel, presque tangible.

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Non à l'euro en Grande-Bretagne :

Analyse :

L'image est forte, le concept est brillant et marquant. Le choix d'une paire de menottes fait penser aux valeurs matérialistes (sécurité, autorité). Par contre, le fait d'avoir une menotte ouverte et l'autre fermée peut rendre le public confu : ouverture ou fermeture à l'euro ? Pour être certains que le message soit clair, les concepteurs ont choisi un fond gris et ont ajouté le mot "no" dans un cercle rouge qui rappelle un panneau de circulation informant d'un danger. Le slogan "Europe yes, euro no" apparaît en petit. Aucune pièce de monnaie ne figure sur l'affiche, la fermeture est totale. L'affiche reste gravée dans la mémoire de tous ceux qui la voit.

Document Q - Traité constitutionnel

Le Traité constitutionnel européen (TCE) a également garni les murs et panneaux d'affichages des pays ayant choisi le référendum comme moyen de ratification. Comparaison des campagnes en France, en Espagne et en Irlande.


En France :

Oui au Traité constitutionnel européen :


Analyse :

L'affiche des Verts présente le mot "oui" sur un fond d'herbe verte. Il est difficile de voir lien entre l'écologie des Verts et le "oui" dans le slogan "Pour qu'une autre Europe soit possible.

L'affiche de l'UMP quant à elle est plus recherché. On y voit la jeunesse, un visage d'une poupée humaine qui regarde vers le haut, vers l'avenir, avec les étoiles du drapeau européen dans les yeux. On pourrait aller jusqu'à dire qu'on y voit la beauté, la santé et un regard apaisant. Peut-on y voir le "luxe" des pays riches et du post-matérialisme ?

Ce qui est très frappant dans l'affiche de l'UMP est le choix du mot "mérite". Même si les personnes ne sont pas tout à fait d'accord avec le traité constitutionnel, c'est l'Europe, une entité plus essentielle et plus importante qui le mérite.

Non au Traité constitutionnel européen :

Analyse :

La première affiche montre des manifestants dans la rue, la France travaillante avec une banderole faisant allusion à l'emploi. La seconde présente les couleurs du drapeau national (bleu, blanc et rouge) dans les lettres du mot "non". La troisième est un plaidoyer contre la Turquie. Dans la première et la seconde affiche, on confond le "non" à autre chose qu'au TCE, d'un côté, on dit "non" à Jacques Chirac, de l'autre, on dit "non" à la Turquie. Même les affiches prennent des détours démagogiques pour convaincre les électeurs du bien fondé du "non".

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En Espagne :

Non au Traité consitutionnel européen :

Analyse :

La première affiche présente étrangement le même slogan que le "oui" des Verts français, c'est-à-dire "une autre Europe est possible", montrant que ce slogan peut être utilisé à toutes les saveurs. La main de couleur jaune doré, même couleur que les étoiles du drapeau européen, tient une femme à la gorge exprimant ainsi un manque de liberté et une certaine violence.

La seconde affiche est plus "soft". L'affiche parle de changement et présente une rame de chemin de fer se divisant en deux, mettant l'électeur devant un choix mais également une flèche vers la direction à prendre. Nous voyons ensuite le "vota no" pour plus de clareté.

Les deux affiches espagnoles reprennent les couleurs bleu et jaune caractéristiques de l'Union européenne. Le rejet de l'Union européenne ne serait donc pas total contrairement aux couleurs nationales bleu, blanc et rouge dominant les affiches du "non" français.

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En Irlande :

Non au Traité constitutionnel européen :

Analyse :

Dans l'affiche irlandaise, on revoit la même constante que dans les affiches françaises : un "oui" à l'Europe dans le texte et un "non" à autre chose qu'au TCE, en l'occurence un "non" à la supranationalité ou à un super-État auquel l'État irlandais serait subordonné. Comme sur les affiches françaises, les couleurs du drapeau national sont reprises, en trame de fond cette fois, auxquelles ont a ajouté une lyre, un autre symbole fort du pays.

Document R - Campagne électorale allemande

Voici les affiches officielles des candidats à la Chancellerie allemande aux élections de 2005, Angela Merkel en haut et Gerard Schroeder en bas :


Une autre affiche électorale du SPD :

Analyse :

Un regard direct, un demi-sourire, un cadrage resserré sur le visage des candidats, on voit ici des caractéristiques similaires à l'affiche officielle de Ségolène Royal qui donnent une proximité du candidat à l'électeur. La trame de fond grise du candidat du SPD (sociaux démocrates) est plus austère que la trame verte de la candidate du CDU (chrétiens démocrates).

Le logo du parti que représente le candidat est bien présent et évident sur l'affiche en raison du fonctionnement électoral proportionnel allemand où les grands partis sont plus visibles que les candidats. C'est une différence majeure avec les présidentielles françaises très personnalisées.

La seconde affiche vient confirmer cette tendance à mettre le parti en priorité sur les candidats. On y voit le logo du parti sans aucune photo ou image de candidats.

Document S - Article sur les affiches allemandes

Article de Luke Harding publié dans "Gardian unlimited" le 6 septembre 2005 sur les affiches électorales allemandes.

Vous pouvez consulter l'article en cliquant ici ou en cliquant sur l'image.


Faits saillants :

"If the health of a democracy can be judged by the number of posters around at election time, then German democracy is in good shape."

"Some observers have suggested that the poster is emblematic of the relationship between eastern and western Germany, with the larger Oskar (west) patronising his smaller brother Gregor (east)."

Analyse :

Un article qui fait le lien entre la vitalité de la démocratie et la liberté/quantité de l'affichage politique en Allemagne. Une observation de la diversité des affiches serait donc un excellent baromètre du degré de liberté d'expression, d'association et donc de démocratie dans un État. Avec un tel concept, la disparition des affiches électorales devenant un concept usé ne serait pas bénigne pour la démocratie.

Document T - De mauvais goût ?

Article trouvé sur le blog d'opinion de David Kaspar et paru le 4 octobre 2005.

Vous pouvez retrouver l'article en cliquant ici ou sur l'image qui suit.


L'affiche en question :


Faits saillants :

"This is truly sick. How could anyone exploit the images of fallen American soldiers in flag-draped coffins for political gain. Haven't those soldiers earned the right not to be exploited by some European politician? We honestly didn't think anyone in the SPD would resort to this. This is truly over-the-top to put it mildly. How desperate must Mr. Schwanitz be to even consider allowing this sort of a poster to run? "

Analyse :

L'affiche montre une photo de cercueils de soldats américains morts en Irak accompagnée du slogan "Elle (Angela Merkel) aurait envoyé des soldats" en faisant directement allusion à la guerre en Irak. L'affiche porte ensuite le logo du SPD et le nom du candidat Rolf Schwanitz, un ministre senior de Gerard Schroeder et haut placé dans le parti des sociaux démocrates.

Encore une fois, on retrouve l'absence d'image du candidat, on n'y voit que son nom et le logo du parti. Mais ce qui est le plus frappant, c'est bel et bien l'utilisation douteuse de cette instrumentalisation de l'image de soldats américains tués en devoir à des fins politiques. Comme quoi l'affichage politique n'est pas seulement garant de la démocratie mais peut être un couteau à deux tranchants : une image profondément marquante et une preuve de manque de volonté à réchauffer les relations avec les États-Unis à laquelle on ajoute une interrogation sur l'intégrité du parti et le mauvais goût de la publicité.

Document U - L'image de Sylvio Berlusconi

Article de la BBC paru le 14 mai 2001 sur l'image et le charisme du président italien Sylvio Berlusconi.

Vous pouvez retrouver l'article en cliquant ici ou sur l'image.



Affiche électorale en question où Sylvio Berlusconi paraît 10 ans plus jeune.


Faits saillants :

"Mr Berlusconi sells himself as a strong leader and statesman - his party, founded in 1993, is called Forza Italia. Airbrushed campaign posters make him appear 10 years younger. Many Italians believe the hype."

""The Italians seem to want to trust Mr Berlusconi because he sells himself as a man who has made millions out of nothing - a man who is a huge success in his own way and who will make Italy a huge success," said Dr James Walston, political scientist at the American University of Rome."

"The Italians even have a word to describe his flamboyant lifestyle : Berlusconismo."

Analyse :

L'affiche comprend tout. Une photo du candidat ayant l'air 10 ans plus jeune qu'en réalité, avec le sourire pour lequel il est célèbre. Le slogan "Nous choisissons d'aller de l'avant !" est classique, tout comme les couleurs du drapeau national en arrière plan et le nom du parti "Forza Italia" également.

On y voit une affiche très classique, bien remplie, tout y est sauf peut-être un style plus recherché, plus moderne (comme les affiches françaises et allemandes), plus tendance qui collerait peut-être mieux à la personnalité "glamour" de Sylvio Berlusconi. Le résultat est "Berlusconi" mais pas "Berlusconismo"...

Document V - Couleur : rose

Affiche de la candidate Royal :

Document W - Couleurs : blanc et bleu

Affiche du candidat Le Pen :

Document X - Couleurs : bleu et blanc

Affiche du candidat Sarkozy :


Analyse des documents V, W et X :

En revenant sur les affiches des élections présidentielles de 2007 en France, il est essentiel de noter l’importance des couleurs. La publicité de Ségolène Royal utilise un rose très flamboyant pour montrer l’aspect féminin et le thème de changement. L’affiche de Jean-Marie Le Pen est en blanc et bleu. Celle-ci est plutôt simple en concernant les lettres et les couleurs, mais le message est fort : « Tous ensemble ». Dans la troisième affiche, Nicolas Sarkozy utilise un peu le même thème que Jean-Marie Le Pen en concernant les couleurs et le message. Cette affiche était plutôt rare dans la campagne de Sarkozy, son gros sourire et l’image un peu chaotique en sont peut être les raisons.

De plus, ces affiches sont très similaires avec la stratégie d’ajouter d’autres personnes, voire une foule. Le message est clair : ces candidats sont des candidats du peuple, ils sont des personnes qui font partie du peuple, des citoyens.

Document Y - Une affiche britannique

Une affiche du Parti conservateur britannique :


Analyse :

Cette affiche montre le Premier Ministre de la Grande-Bretagne Tony Blair dans une façon très négative. Le dirigeant du parti conservateur en Angleterre Michael Howard a lancé son attaque personnelle en accusant Tony Blair de mentir en concernant la guerre en Irak.

Encore, il faut remarquer le rôle important des couleurs : du rouge, du noir. Les couleurs sont un des facteurs les plus importants pour présenter un message dans les affiches.

Document Z et conclusion

Une parodie :


En conclusion, après avoir analysé les documents A à Z, on peut en déduire que même si les médias jouent un rôle dans les élections des politiciens et autres campagnes politiques, ceci ne se traduit pas nécessairement dans des résultats électoraux.

La publicité est un rituel que tous les hommes et femmes politiques doivent respecter. C’est obligatoire, incontournable. Ce n’est pas un concours de beauté, ni une publicité pour un film de James Bond 007, c’est une forme bien distincte d’expression... c’est l’imagerie politique !